L’ascension à vélo du Col du Tourmalet

À l’occasion de la 9ème étape du Tour de France 2020, ce dimanche 6 septembre, entre Pau et Laruns, nous enfourchons notre vélo pour gravir le col du Tourmalet, un des cols les plus réputés des Pyrénées. Amatrices de nature et de deux roues, sportives aguerries, l'objectif de ce défi pour nous est de vivre une expérience unique, habituellement réservée aux cyclistes professionnels. Loin de se mesurer à un chronomètre, notre philosophie allie avant tout sport, passion, découverte du territoire, convivialité et détente, quitte à ce que cela nous prenne la journée entière ! Un projet ambitieux certes… À 2 115 m d’altitude, le col du Tourmalet, aussi surnommé le Géant des Pyrénées est le second plus haut col routier des Pyrénées après le col de Portet. Retour sur un challenge à couper le souffle !

Le Col du Tourmalet : le graal des cyclistes

Le Col du Tourmalet trône avec quelques autres lieux (l’Alpe d’Huez, le Mont Ventoux, le Galibier…) en bonne place dans l’histoire et la mythologie de la petite reine. Ici se sont battus des grands noms du Tour de France, cette course légendaire qui a propulsé le Tourmalet au sommet de sa popularité. Emprunté pour la première fois dans le Tour en 1910, Octave Lapize, le vainqueur du Tour de France cette année-là, lance même aux organisateurs « Vous êtes des assassins ! » en référence à cette première grande étape des Pyrénées qu’il remporte !

Depuis, le Col du Tourmalet fut gravi près d'une centaine de fois par le Tour de France, soit le col le plus souvent traversé, tous massifs montagneux confondus. C’est vous dire… Son ascension en vélo demeure un périple à réaliser, un véritable défi et un dépassement de soi, régulièrement pris d’assaut par des groupes de cyclistes amateurs venus des quatre coins de France et d’Europe.

Une préparation physique et mentale

"Et si on grimpait le Col du Tourmalet ?" suggère Fanny au début de l’été, mon acolyte originaire des Hautes-Alpes et cycliste depuis son plus jeune âge. Cette question prendra quelques mois à faire son cheminement dans mon esprit. Après un été sportif, riche en randonnées, yoga, VTT et sports nautiques, je suis finalement prête à me laisser embarquer dans cette aventure. Un bon entraînement est nécessaire pour gravir le Col du Tourmalet en toute sérénité. Si nous arrivons au sommet, ce sera un souvenir mémorable ! La veille, nous nous préparons psychologiquement à ce challenge autour d’une délicieuse fondue à l’Auberge la Couquelle en aval de Barèges, avant une bonne nuit de sommeil.

 L’Auberge la Couquelle pour prendre des forces avant l’effort !

Deux options sont possibles pour gravir le col : 

• Une ascension par le versant Ouest depuis Luz-Saint-Sauveur ou Barèges plus haut ;
• De l’autre côté du col par le versant Est, à partir de Campan, Bagnères ou La Mongie.

Les deux montées sont techniques mais présentent des caractéristiques assez différentes.

• Depuis le versant Ouest, l’ascension parcours 22.5 km, avec un dénivelé de 1268 m (altitude de départ: 660m - altitude d’arrivée: 2115m).
• Par le versant Est, le parcours est de 19 km, soit 4 km de moins mais le dénivelé de 1404 m (altitude de départ: 711m - altitude d’arrivée: 2115m). 

Nous optons pour le versant Ouest, avec un dénivelé moyen de 6% comparé au 7.4% du versant Est (avec des passages dépassant les 10,5% de pente). Ce détail n’est pas négligeable pour ménager nos efforts !

Une ascension difficile et sinueuse 

Jour J ! Nous avons de la chance, le temps est de la partie : un ciel couvert, de la brume et un thermomètre qui affiche un petit 17°. Les conditions climatiques sont un facteur essentiel à mettre en résonance avec l’intensité de l’effort requis. Pour aborder le Col du Tourmalet, nous décidons de partir très tôt le matin pour éviter la chaleur qui peut être fatale à notre ascension.

Le Col du Tourmalet n’est pas une ascension facile. L’objectif est de monter le col dans un effort raisonné en prenant du plaisir. Nos entraînements étaient adaptés à l’objectif visé. Un bon échauffement de 30 minutes minimum avant de commencer est fortement recommandé.

Sous nos vêtements, clairement inadaptés comparé à tous les cyclistes en lycra de la tête au pieds, nous avons opté pour un cuissard cycliste avec des renforts sur l’assise qui privilégient le confort et minimisent les frottements. Nous nous badigeonnons de crème solaire, ajustons notre casque, réglons notre selle en hauteur, vérifions une dernière fois l’état des pneus et nos réserves d’eau… C’est parti !

Depuis la station de ski de Barèges, les premiers kilomètres donnent le ton du défi… La sortie de Barèges est un des passages les plus délicats de cette ascension avec une pente à 9 % pendant un kilomètre, toutefois assez régulière. Elle est ponctuée de rencontres avec des vaches et des moutons. Nous sommes bel et bien dans une zone pastorale.

Quelques virages en épingle à cheveux aiguisent la sensation d'ascension et les pourcentages de dénivelé diminuent légèrement. Pour motiver les coureurs, l’itinéraire est jalonné de panneaux qui indiquent l’altitude, le pourcentage de pente moyen mais surtout… La distance à parcourir jusqu’au sommet.

S’en suit une accumulation de douleurs jusqu’au sommet ! À allure réduite et ponctuée de plusieurs arrêts, cette ascension est un vrai défi malgré les quelques courbes qui offrent un peu de répit et de relance… Je sens littéralement mon cœur tonner dans ma poitrine. Sur les pentes du Tourmalet, nous sommes dépassées par de nombreux autres cyclistes courageux, de tout âge, aussi bien hommes que femmes, dont beaucoup de Belges et de Hollandais. Les uns se dirigent plus ou moins vite vers le sommet, les autres filent dans la descente après l’avoir atteint.

La route serpente entre des paysages grandioses et de somptueux pâturages pendant près de 16 km. À 5 km du sommet, le majestueux Pic du Midi de Bigorre s’offre à notre vue alors que nous dépassons les nuages pour poursuivre sous un beau ciel bleu. Souffrance ultime, le dernier kilomètre présente une pente de 10 % de dénivelé, la dernière épingle est effrayante. Plusieurs photographes professionnels y sont postés pour tirer notre plus "beau" portrait dans l'effort.

L’arrivée au sommet transforme cette véritable agonie en joie immense. Nous enfilons des vêtements secs juste après l'effort, car garder des vêtements mouillés par la sueur favorise les coups de froid. Loin de la recherche de performance, nous avons puiser dans toutes nos ressources pour nous dépasser physiquement et repousser nos limites. Un repos bien mérité s’impose !

La vue spectaculaire du sommet du Col du Tourmalet : une belle récompense

Du haut de ses 2 115 m, le Col du Tourmalet offre une vue extraordinaire sur la vallée du Bastan du côté ouest et sur la vallée de Gripp à l'est. Nous profitons de ce panorama en reprenant notre souffle et en s’hydratant. L’ambiance est chaleureuse parmi les cyclistes, les applaudissements et accolades sont au rendez-vous.  La fierté que nous ressentons vaut vraiment tous les efforts !

Au sommet, la photo souvenir au pied la statue érigée en hommage à Octave Lapise est incontournable. Deux auberges permettent aux cyclistes et aux visiteurs de se rafraîchir et se restaurer. 

Que vous soyez en famille, entre amis ou en club, cette expérience est exceptionnelle à vivre si vous être amateur de cyclisme de passage dans les Pyrénées !

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Article et photos préparés par Lesley Williamson